mardi 23 février 2016

Sicario

















Ayant été éloigné des salles obscures durant les 6 derniers mois de 2015 en raison d’un semestre universitaire passé à Oslo, j’ai manqué beaucoup de sorties ciné et voici l’un de mes rattrapages de l’année 2015, Sicario, réalisé par Denis Villeneuve. Denis Villeneuve est un réalisateur que je suis avec attention depuis plusieurs années. Je possède dans ma collection de DVD ses films Incendies et Prisoners que je n’ai toujours pas vu mais qu’il me tarde maintenant de découvrir. Il me tarde de les voir car Sicario est une merveille de cinéma.

Sicario nous raconte l’histoire d’un groupe d’intervention d’élite dans la lutte contre le trafic de drogues à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. On suit les événements à travers les yeux de Kate, une jeune recrue du FBI qui se retrouve enrôlée dans une mission aux enjeux qui la dépasse et à la morale douteuse qu’elle condamne. Ce film est une leçon de cinéma. La cinématographie du film est époustouflante avec des cadrages pensés au millimètre près et des images d’une beauté bouleversante. Le réalisateur canadien n’innove pas vraiment mais il fait dans le chirurgical, et les plans ordinaires (des vues aériennes) semblent dans les mains de Denis Villeneuve des procédés révolutionnaires. Les scènes de nuit sont également grandioses et on a vraiment l’impression d’être plongé dans les ténèbres avec les personnages. Nominé aux côtés de The Hateful Eight et The Revenant pour l’Oscar de « Best Cinematography », Sicario mériterait la statuette même si la concurrence est très rude dans cette catégorie cette année.  

Certains critiqueront le film pour son manque d’originalité, la banalité de son scénario, et l’absence de message. Ces mêmes détracteurs diront que c’est une coquille vide qui ne raconte pas grand-chose. Oui c’est vrai, le film ne brille pas par la singularité de son histoire, mais le vrai tour de force de Sicario est justement de prendre un sujet plutôt commun et d’en faire un polar oppressant, au suspense haletant. Grâce la musique de Jóhann Jóhannsson, sourde, grave et impulsive, on se sent emmener comme en plein cauchemar dans un film à la noirceur proche d’un Seven. Denis Villeneuve prend également le parti de ne pas montrer les scènes de violence (torture, tueries…) ce qui contribue à développer l’imagination du spectateur et d’imposer cette atmosphère angoissante. Enfin, pour finir, les acteurs sont dirigés d’une main de maître. Benicio Del Toro retrouve les sommets avec une interprétation renversante d’un mercenaire de l’ombre, impénétrable et mystérieux. Emily Blunt continue de prouver qu’elle est une grande actrice à la palette d’émotions diverses. Elle parvient à nous faire ressentir ce qu’elle ressent.

Ce film aurait pu être à bien des égards un film de routine mais dans les mains de Denis Villeneuve il devient une véritable leçon de cinéma, une œuvre incroyablement belle, angoissante et enivrante. Si jamais dû faire un top 2015, Sicario aurait fatalement accédé aux premières places.   

4.5/5

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