mercredi 9 septembre 2015

True Detective




True Detective, dont le premier épisode est sorti en Janvier 2014, est entrée au panthéon des plus grandes séries de ce monde. Une prouesse d’autant plus exceptionnelle qu’elle a été quasi unanimement encensée dès de sa sortie. En effet, elle ne fait pas partie de ces œuvres incomprises qui n’obtiendront leur heure de gloire que longtemps après. En une saison et seulement huit heures (8 épisode d’une heure), la nouvelle perle d’HBO est devenue une référence télévisuelle incontestable.

Quelles peuvent être les raisons de cette subite adulation ? Bien évidemment les qualités indéniables de la série ont largement contribuées à son succès, mais le timing de cette dernière est également un facteur déterminant de son triomphe. Précisons que la prodigieuse série Breaking Bad s’est terminée en septembre 2013, laissant derrière elle un vide télévisuel d’envergure. C’est donc dans ce désert enfanté par Walter White qu’est apparue la nouvelle pépite d’HBO, venant ainsi combler les attentes de sérievores affamés et boulimiques, non contenté par Homeland et House Of Cards. Notons que le bijou de Vince Gilligan était venu lui-même assouvir l’appétit de sériephiles exigeants après les départs en retraite de Sur écoute et Les Sopranos.

Avant de passer à la critique, louons un instant HBO qui ne cesse de nous satisfaire avec des séries d’une qualité inégalable. De Game of Thrones à Sur écoute, en passant par Six Feet Under, Les Sopranos, Rome, Entourage, Silicon Valley, True Blood, Band of Brothers, Sex and the city et OZ, HBO est devenue la référence mondiale en terme de série télévisée. Donc « Merci HBO !!!! ». La chaîne américaine a d’ailleurs un don tout particulier pour les génériques d’ouverture qui sont toujours distingués et distinguables. Si celui de Game of Thrones est désormais mondialement connu, ceux de Six Feet Under, True Blood et Rome font partie des plus beaux que j’ai pu voir. True Detective ne déroge pas à la règle et s’offre un générique d’ouverture envoutant, compilation subtile de ceux de True Blood et Six Feet Under.    

Avant de m’intéresser au grand écran, j’ai longtemps nourri une profonde admiration et une intime affection pour le petit écran (mini même puisque je passais mes nuits dans la sous-pente de ma chambre avec le lecteur DVD portable d’un de mes amis). C’est donc au milieu de sticoms en tout genre, Friends, Scrubs, That’s 70s show, My name is Earl, mais aussi d’Alias, Six Feet Under ou Ally McBeal que j’ai grandi. Des séries j’en ai vu un sacré paquet, selon l’application TVShow TIme, que je conseille vivement à tous ceux qui voudrait tenir à jour leur agenda télévisuel, j’aurai passé plus de 6 mois de ma vie à regarder des séries. Et après avoir vu un peu moins d’une centaine de séries (94 si on est exact), je vous affirme sans l’ombre d’un doute que True Detective fait partie du top 10 des meilleures œuvres de sa catégorie.

True Detective témoigne d’une exigence qui la place bien au-dessus de la production télévisuelle actuelle, voire cinématographique. Tout y est soigné et travaillé avec une attention pour les détails qui ferait rougir un maniaque. Chaque pièce du puzzle trouve sa place. Rien n’est laissé au hasard. On ne s’offrira donc pas la facilité faussement éclairée à la mode J.J.Abrams, qui dans un excès d’enthousiasme empreint de paresse nous livre des puzzles incomplets, œuvres à l’exigence plus que douteuse. True Detective est le puzzle parfait, celui que l’on veut encadrer et mettre au mur. Son scénario est intelligent sans être complexe, sa photographie magnifique sans être prétentieuse et ses dialogues fins sans être emphatiques. L’histoire ? Une enquête policière longue de 17 ans. Le cadre ? Une Louisiane post-Katrina. Les protagonistes ? Deux détectives antagonistes et caractériels.

Loin des clichés ressortis à toutes les sauces dans les nombreuses séries policières que l’on nous balance à la figure (NCIS, Experts et autres merdes de ce type), True Detective nous narre une enquête riche et obscure. Comme elle n’est pas sujette au format classique de 40 minutes propre aux épisodes  criminels bas de gamme, qui aboutissent à une résolution bâclée de l’enquête à la 38 minutes, elle prend son temps et construit un univers à tiroir intelligent où règne la moiteur ambiante d’une Louisiane marécageuse et fantomatique. En parlant de cette Louisiane, on ne peut que féliciter le réalisateur Cary Fukunaga qui nous dresse ici un portrait magnifique de l’état le plus francophone des Etats-Unis. A l’image d’un Jeff Nichols dans Mud avec l’Arkansas, Fukunaga fillme magistralement une nature sauvage et inquiétante à la tranquillité proprement effrayante.   

Une bonne série, ça ne s’invente pas, c’est avant tout de bons personnages ! C’est d’autant mieux si ces derniers sont joués par de bons acteurs. Une bonne série, c’est une série qui voit ses personnages évolués aux cours des épisodes (ou saisons). Vous trouverez ici la raison principale qui fait de Friends une des meilleures sitcoms de l’histoire avec 10 saisons de 24 épisodes à son actif, et d’How I Met Your Mother une balade au souffle court. Si Six Feet Under fait figure d’exemple incontestable dans le développement authentique, complexe et juste de ses personnages, True Detective occupe les premiers rangs également.  La série repose autant sur l’enquête qu’elle ne repose sur l’opposition raffinée d’un flic au allure de prophète philosophe et fataliste et de son équipier, figure de proue  de l’américain cartésien. Les jugements sur la nature humaine balancés par Rust, interprété par un Matthew McConaughey en transe, seront le divertissement principal de la série. Empruntant certains traits de caractère de ses personnages de Mud et Paperboy, et en y ajoutant beaucoup d’apathie, Matthew McConaughey délivre son plus grand jeu d’acteur. Personnifiant à la perfection un personnage parfait. Mais penser que Rust vole la vedette serait une grosse erreur car l’histoire de son coéquipier Martin est la plus résonnante. L’arc scénaristique de Martin nous dépeint la décadence d’un américain moyen, qui voit sa vie faite de barbecue en famille disparaitre au rythme de ses infidélités.  

Une œuvre si parfaite ne devrait pas faire l’objet d’une suite. Même une suite faussement déguisée où l’on aurait changé les acteurs et l’histoire. Je ne verrais donc pas la saison 2. 

5/5

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